Qui sommes-nous ?

C'est en 1780 que Jean-Etienne Astier, premier fabricant d'ocre, met en place un processus industriel de séparation de l'ocre et du sable. Milieu du 19ème siècle, l'industrie ocrière est à son apogée et l'ocre est exportée dans le monde entier.

A partir de 1875, le minerai devient de plus en plus rare et cher. Il faut passer à l'extraction souterraine par puits et galeries. Les coûts d'exploitation augmentent.

Après 30 ans de quasi-monopole, l'ocre de Bourgogne ressent durement la concurrence des ocres du Vaucluse, exploitée à ciel ouvert dans les communes de Gargas, Gignac, Mormoiron, Roussillon, Rustrel, Saint-Pantaléon, Villars et Villes-sur-Auzon. Plusieurs exploitants de Puisaye (Bourgogne), dont Gustave Parquin et George Lechiche, sont convaincus depuis longtemps de la nécessité de fusionner les différentes sociétés en une seule du fait de la concurrence que se font des exploitants trop nombreux. Ils parviennent à leurs fins en réussissant à convaincre la plupart de leurs confrères en deux temps : en formant le 1er mai 1892, le Comptoir des Ocres de Bourgogne, puis la Société des Ocres de France en 1901.

anciens ocriers

Alors qu'en 1929, on comptait encore quelques 18 sociétés, qui employaient près d'un millier de personnes et produisaient environ 40 000  tonnes ; dès 1931, les effets de la crise économique et géopolitique mondiale auront des conséquences désastreuses sur l'industrie de l'ocre. Le déclin de l'ocre est provoqué à la fin des années 40 par l'arrivée sur le marché de produits nouveaux : d'une part, les produits dérivés du pétrole qui remplacent l'ocre dans la fabrication du caoutchouc ; de l'autre, les pigments de synthèse. 

A partir des années 50 et suite aux problèmes évoqués plus tôt, le commerce de l'ocre est fragilisé et on assiste à des fermetures en masse des usines. La Société des Ocres de France (SOF) maintient son cap tant bien que mal. Elle déposera une demande de cessation d'activité le 31 octobre 1973 avec une production quasi nulle et un carnet de commandes vide. 

Mais c'était sans compter la détermination d'un homme, Gilbert Guigou. Ce natif Aptésien vient de partir en retraite, laissant son entreprise de maçonnerie à ses deux fils, Jean-Paul et André. De part son métier, il est utilisateur de l'ocre depuis des années et a toujours connu l'industrie de l'ocre, bien présente dans sa ville. Lorsqu'il apprend que la Société des Ocres de France est en faillite et à vendre, il n'hésite pas longtemps et investit ses économies pour la racheter en 1974. L'usine est en ruine, les machines inutilisables. Patiemment et la tête pleine de projets, il va remettre la production en route et trouver à l'ocre de nouveaux débouchés. 

Gilbert Guigou

Gilbert Guigou

En 1985, Jean-Paul et André, les fils de Gilbert, se séparent de l'entreprise de maçonnerie pour rejoindre leur père. Jean-Paul prend en charge la partie administrative tandis qu'André se dirige vers la fabrication. 
Nelly, la femme d'André, met ses compétences de secrétaire sténodactylo au service de la société. A eux trois, ils trouvent de nouveaux contrats dans le milieu du bâtiment.
La société Strasservil, en plein développement, leur confie la fabrication de leurs badigeons et enduits de chaux. D'autres sociétés connues dans l'industrie de la peinture font également appel à leurs services. Les Ocres de France et Lafarge plâtre créeront même ensemble une gamme de plâtre colorés. 

inauguration badigeons Ocres de France

Première gamme d'enduits et de badigeons de chaux en 1996

brouette de briques d'ocre

photo des racines et des ailes

Jean-Paul (à gauche), Laurent Bignolas - présentateur de l'émission "Des Racines et des Ailes" (au milieu), André (à droite) et Ludivine

En 1996, 1998 et 2014, les petits-enfants de Gilbert Guigou, Brice, Stéphanie puis Pascal, rejoignent à leur tour l'entreprise familiale par choix et amour du métier. Ils ont alors un objectif commun : valoriser et dynamiser le mieux possible ce beau patrimoine de l'ocre.
Sous l'oeil attentif des anciens, la saga familiale continue et s'étend sur une quatrième génération consécutive avec l'arrivée dans la société, en août 2019, de l'arrière petite-fille de Gilbert Guigou, Ludivine.

Durant des années, la Société des Ocres de France est restée dans l'ombre, presque honteuse d'être restée debout alors que tant d'autres tombaient. "Nous avions un petit bureau au sein de l'usine et on ne faisait pas vraiment de ventes aux particuliers. De ce fait, nous étions méconnus du grand public qui pensait que nous n'existions plus ou qui confondait nos revendeurs avec nous" confie Stéphanie Anglès-Guigou.
Pour palier à cela, la famille décide d'ouvrir un magasin sur l'avenue principale de la ville d'Apt : cette "vitrine" commencera enfin à mettre l'entreprise en lumière.
Dix ans plus tard, pour des questions de logistique (capacité de stockage, problème de communication entre l'équipe commerciale et la production), Pascal, Brice et Stéphanie décident de construire directement des bâtiments dans l'enceinte de l'usine. C'est ainsi qu'en janvier 2015, l'équipe du magasin rejoint l'équipe de production. Cette initiative sera bien accueillie par les clients qui trouveront dans le showroom un plus grand choix de produits et des horaires mieux adaptés aux artisans. 

Brice, Pascal et Stéphanie

De gauche à droite : Brice, Stéphanie et Pascal

"Aujourd'hui, nous sommes fiers de ce que nous représentons : un savoir-faire Français, transmis de générations en générations, un produit noble, une industrie écologique, une curiosité internationale, un immense désir de faire prospérer notre héritage industriel ; pas pour s'enrichir mais tout simplement pour que notre grand-père soit fier de nous et de ce que nous avons accompli. C'est un vrai challenge et nous y arriverons" - Stéphanie Anglès-Guigou

De nos jours, la Société des Ocres de France est la dernière entreprise autonome en Europe qui exploite et transforme le minerai ocreux en ocre pure.  Le 26 janvier 2021, elle a fêté ses 120 ans. 120 ans d’ocre, de couleurs, de créations, de travail, de rencontres, d’innovations, d’idées, de partages, de commandes, de confiance. Et tout ça, en partie grâce à vous. Merci !

Et en parlant de ça, l'ocre vous vous y connaissez ? Pour en découvrir plus sur cette richesse naturelle, son extraction et les différents procédés de transformation, nous vous invitons à lire "La fabrication de l'ocre" :)